La plupart de nos projets, qu’il s’agisse de contenus psychométriques, d’évaluations ou de marketing, requièrent un travail plus poussé pour garantir une équivalence culturelle et fonctionnelle entre les textes traduits. C’est là que la localisation et l’adaptation entrent en jeu.
Que signifient vraiment « localisation » et « adaptation » ?
Que voulons-nous dire quand nous parlons de localisation et d’adaptation ? Pour commencer, nos collègues américains doivent trouver étrange de voir le mot anglais « localisation » écrit avec un « s ». En tant qu’entreprise britannique, nous appliquons l’orthographe de l’anglais britannique. Pardon à nos amis d’Amérique du nord !
Localisation
L’orthographe et la ponctuation ne forment qu’une des composantes d’un processus de traduction et de localisation de haute qualité, qui exige une adaptation en fonction du pays cible (par exemple, retirer les espaces insécables avant les points d’interrogation, les points d’exclamation et les points virgules lors de la localisation du français de France vers le français pour le Canada).
Pour résumer, la localisation signifie modifier un élément du texte original de sorte qu’il ait du sens pour le marché cible. Les devises, les poids et les mesures font partie des éléments qui doivent être localisés. La traduction semble ainsi plus naturelle.
Par exemple, en France, la date du « 11 août 1988 » est transposée comme suit : 11/08/1988.
Or, aux États-Unis, où le mois est spécifié avant le jour, cette même date serait interprétée comme le 8 novembre. La date doit dont ici être adaptée pour les États-Unis sous la forme : 08/11/1988.
La localisation peut également être nécessaire pour bien d’autres aspects :
- heure ;
- devises ;
- numéros de téléphone ;
- poids et mesures ;
- images et icônes ;
- couleurs ;
- normes sociales (formules de politesse, structure de rédaction des e-mails, etc.)
Cependant, la localisation seule peut ne pas rendre un texte pertinent dans le pays cible.
Adaptation
Parfois, la localisation ne suffit pas, et une adaptation encore plus poussée est nécessaire pour garantir l’équivalence du texte traduit et son déroulement attendu pour chaque audience cible. C’est notamment le cas des contenus hautement stratégiques, tels que les tests ou évaluations dans les domaines cliniques et non-cliniques.
L’adaptation est le fait d’apporter des changements contextuels pour modifier la formulation ou le scénario sous-jacent d’une traduction, tout en conservant l’« intention » finale prévue.
Prenons un exemple :
Dans une évaluation de psychologie clinique que nous avons traduite en hongrois, l’un des tests demandait au répondant de faire des calculs dans une devise. Le montant en dollars américains était de 10.
Si vous modifiez simplement le symbole de devise, vous obtenez 10 forints, qui est la devise hongroise. Or, compte tenu du taux de change de 1 $ pour 244 forints à l’époque, un montant équivalent à 4 pennies américains n’a aucun sens pour un calcul impliquant le paiement d’un article avec rendu de monnaie.
Vous devez adapter le montant de sorte qu’il soit parlant pour un Hongrois. Dans la mesure où le montant original était de 10 $, il faudrait multiplier 244 par 10 et arrondir le résultat afin d’obtenir un montant de 2 500 forints. Vous avez alors un montant approprié pour acheter un article dans un magasin et calculer la monnaie à rendre.
Toutefois, vous devez aussi prendre en compte les réalités financières et le coût de la vie des autres pays au moment d’adapter un texte. En Inde, par exemple, l’équivalent de 10 $ peut correspondre au salaire hebdomadaire d’une personne. Ce n’est donc pas une petite somme contrairement à ce qu’elle représente aux États-Unis. Vous devez par conséquent adapter cette somme pour qu’elle soit réaliste dans le pays cible.
- Le montant doit être spécifié dans la devise locale du pays ciblé.
- Les montants doivent ensuite être adaptés pour s’assurer qu’ils sont sensés au niveau local. À titre d’exemple, lorsque la lire avait encore cours, traduire « un dollar » par « une lire » était tout simplement absurde, car ce montant était dérisoire en devise italienne.
- Les montants doivent également être relativisés, par exemple lorsqu’une évaluation comporte une part de jeu de rôle demandant au candidat de se rendre dans un magasin et de calculer la monnaie après ses achats. En supposant qu’il dispose d’un billet de 50 dollars pour acheter quelques articles d’épicerie, il se peut que cette somme représente l’équivalent d’un mois de salaire pour un habitant d’un autre pays. Le calcul serait alors peu réaliste.
- Autre exemple : dans un pays comme les États-Unis, le dollar se divise en quatre sous-unités appelées « quarter », « dime », « nickel » et « penny ». Dans de nombreux pays européens, en revanche, la monnaie s’exprime uniquement en euros et en centimes. Un calcul effectué avec cinq types de pièces et de billets différents est dont beaucoup plus difficile que s’il n’existe que deux sous-unités.
Parmi les autres aspects pouvant nécessiter une localisation ou une adaptation, citons les listes de termes employés pour évaluer la mémoire, ou les questions des tests de capacité nécessitant une adaptation en raison de la conversion entre différents systèmes de mesure (métrique/impérial).
Exemples de localisation et d’adaptation
Un dernier exemple de localisation et d’adaptation est celui du nombre de carreaux de faïence nécessaires pour recouvrir le mur d’une salle de bain.
Dans un item de test psychométrique d’origine, le mur mesure 10 pieds par 5, pour une dimension de carreaux de 6 pouces carrés. La localisation de ces mesures dans un pays utilisant le système métrique nécessiterait d’effectuer le calcul sur des dimensions d’environ 3 mètres par 1,5 mètre, avec des carreaux de 30 centimètres. Le niveau de difficulté n’est donc pas le même lorsque les dimensions sont exprimées dans leurs équivalents métriques directs.
Pour les besoins de cet exemple, nous avons remplacé la chambre par un bureau et le carrelage par des dalles de moquette, dont la taille a été fixée à 50 cm². La moquette du bureau peut ainsi mesurer 10 mètres par 5, avec des dalles mesurant un demi-mètre carré, ce qui rétablit l’équivalence avec l’item original et le niveau de difficulté du calcul.